Photo : Fauvette à tête noire © Fabrice Cahez
Oiseaux communs : nouvelles estimations des effectifs nicheurs français grâce aux EPOC-ODF
L’estimation du nombre de couples nicheurs pour 60 espèces d’oiseaux communs a été réévaluée. En tête du classement : la Fauvette à tête noire, le Rougegorge familier et le Pinson des arbres.
Dans un contexte d’érosion de la biodiversité mondiale, l’estimation des tailles de populations des oiseaux communs, au même titre que les tendances démographiques et l’étendue des aires de répartition, sont de précieux outils pour l’évaluation de l’état de santé des populations d’oiseaux communs. Jusqu’en 2015, ces trois indicateurs étaient consignés dans des ouvrages de référence, les Atlas des Oiseaux de France, et mis à jour sur des pas de temps assez longs. Lancé en 2021 par la LPO, le projet ODF vise à réduire considérablement ce pas de temps et à permettre la mise à jour régulière et automatique des connaissances sur les oiseaux de France sur un site dédié : le site ODF.
Cette année, les estimations du nombre de couples nicheurs d’une soixantaine espèces communes à l'échelle de la France métropolitaine ont été réévaluées grâce aux informations fournies par le dispositif de sciences citoyennes EPOC lancé en 2017 et animé par la LPO. Après plusieurs années de collecte de données et un travail d'analyse colossal mené par Jean Nabias, étudiant en thèse dans le cadre d’une collaboration entre la LPO, le MNHN et l'INRAE, ce dispositif a enfin porté ses fruits.
Des estimations affinées par la prise en compte de la détectabilité des espèces
Sur le podium des 3 espèces nicheuses les plus abondantes, la Fauvette à tête noire se place en tête avec près de 9,5 millions de couples. Elle est suivie par le Rougegorge familier avec 8,5 millions de couples. Enfin le Pinson des arbres se place en 3ème position avec 7,9 millions de couples. Si la population de ce dernier est considérée comme stable, la Fauvette à tête noire et le Rougegorge familier montrent une tendance à l’augmentation d’après les résultats du dispositif STOC (Suivi temporel des oiseaux communs).
Cette étude met également l’accent sur le fait que les estimations précédentes, basées sur une méthode faisant appel aux dires d’expert, sous-estiment les effectifs nicheurs pour près de 65% des espèces. Au contraire, pour des espèces où le chant est détecté sur de longues distances, comme le Merle noir ou le Coucou gris, les estimations précédentes sont supérieures à celles obtenues dans le cadre de cette étude.
Les programmes de sciences citoyenne sont essentiels à l’évaluation de l’état de santé des oiseaux communs
C'est un fait, les oiseaux communs ne bénéficient pas de la même attention que les espèces vulnérables ou en danger, ciblées une par une par des programmes de conservation.
Au vu de la quantité et la qualité des informations obtenues grâce à un programme de sciences citoyennes, l’étude met en évidence l’importance des suivis à long terme comme le STOC (Suivi temporel des oiseaux communs), le SHOC (Suivi hivernal des oiseaux communs), les EPOCs (Estimation des populations d’oiseaux communs) ou encore le Wetlands (recensement hivernal des oiseaux d’eau) pour l’évaluation de l’état de santé des espèces communes.
L’équipe du SERCO adresse de chaleureux remerciements à l'ensemble des observateurs qui se sont investis dans la réalisation des EPOC sur le terrain, ainsi qu'aux nombreux coordinateurs qui œuvrent au quotidien pour l'acquisition de connaissances sur l'avifaune nationale.
Consulter la publication dans son ensemble : Nabias J, Barbaro L, Fontaine B, Dupuy J, Couzi L, Vallé C, Lorrilliere R (2024). Reassessment of French breeding bird population sizes using citizen science and accounting for species detectability. PeerJ, 12, e17889